Jacques Raphaël Ohana au cœur du Judaïsme Marocain
1911-1999
Battant, persévérant, innovant au cœur du judaïsme marocain des années 50, Jacques Raphaël Ohana a été un acteur engagé qui a su préparer les transitions auxquelles le monde juif a eu à faire face.
Papi, comme l’appelait son environnement, c’était un homme affectueux qui a élevé ses trois enfants, Henri, Paul et Gilbert dans le respect des valeurs familiales auxquelles il était très attaché : l’excellence, la recherche de l’intérêt commun et l’unité familiale qu’il avait placée au premier rang de ses recommandations.
Et puis Jacques Raphael c’était l’élégance sous toutes ses formes, une élégance aristocratique des gens bien nés, en particulier celle de sa signature caractéristique qui servira de modèle à tous les membres de la famille. C’est cette plume qu’il mettra plus tard au service de la communauté, car comme son père Raphaël et son grand-père Yaacov Ohana son engagement était total.
C’est à cet homme fougueux, en avance sur son temps, à ce personnage, volontaire et sensible, affectueux, aimé souvent, incompris parfois que sont dédiées ces quelques lignes , hommage filial à une vie publique consacrée à un judaïsme marocain dans la tourmente.
En effet de grands bouleversements vont marquer sa vie et provoquer le passage d’une tradition ancestrale à une modernité irréversible.
C’est d’abord une scolarité simultanée et studieuse dans les locaux temporaires de l’Alliance Israélite et dans ceux vétustes du Talmud Thora au Mellah de Meknès.
C’est ensuite une période de vie culturelle à Rabat, dans l’entourage de son oncle Menahem Bénabou, chez qui il côtoie le milieu français de la Résidence,( le gouvernement du Protectorat) et où il épouse sa première femme Messodi Bénabou avec qui il aura deux fils Henri et Paul et qui décèdera très jeune des suites d’une opération qui aurait due être bénigne .
Et puis c’est le retour au sein de la Communauté de Meknès, où il fera de la réalisation des deux écoles de l’Alliance, garçons puis filles, une priorité.
C’est son mariage à Meknès avec Zohra Tolédano , Institutrice à l’école de l’Alliance, avec laquelle il aura son troisième fils Gilbert.
N’acceptant pas le statu quo, voulant faire bouger les institutions et les hommes, il va développer une intense activité au cœur du judaïsme marocain et de ses institutions en tant que Membre du Comité de la Communauté de Meknès, Président de l’Association des Anciens élèves de l’Alliance Israelite Universelle de Meknès, Membre du Conseil des Communautés du Maroc et Rédacteur en Chef de la Voix des Communautés, ce qui lui vaudra d’être décoré de l’ordre du Ouissam Alaouite par S.M. Le Roi Mohammed V.
Et puis lors des périodes d’interrogation existentielles de la création de l’Etat d’Israël et de la déclaration de l’Indépendance du Maroc qu’il saluera, il aura des positions claires et œuvrera pour sauvegarder l’avenir d’un judaïsme marocain dont il se sentait proche de chacun de ses membres alors que tout laissait à penser qu’il risquait de disparaître.